
Tête-à-tête: Aïsha Vertus, programmatrice musicale
Nous sommes très heureux de vous présenter les cinq femmes inspirantes qui forment l’équipe du Marché des Possibles cette année ! Nous voulions en savoir plus sur ces cinq entrepreneures. Nous avons donc décidé de leur demander de s'interroger mutuellement sur leur implication dans le marché mais aussi à propos de leur vie au quotidien. Qui de mieux pour communiquer leurs aspirations et leurs luttes qu'entre elles !
Dans notre premier profil, rencontrez Aïsha Vertus, programmatrice musicale, interviewé par Alexe Lavigne-Descôteaux, gérante du bar. Restez à l’affut, il y aura d’autres entrevues avec Pamela Dwyer, technicienne de son, Maurin Arellano, programmatrice des chefs, Nora Chenier-Jones, programmatrice des activités familiales et Alexe Lavigne-Descôteaux!

1. Pourquoi t’expatrier en Europe ?
Faire ces €UROS, parce que l’argent canadien vaut rien (rires). Déjà, à la base, je voyage 2 mois par année depuis mes 18 ans. J’aime apprendre des nouvelles langues et j’ai la bougeotte !
En fait, mon but premier est d’ouvrir un pont entre le Centre de l’Europe continentale et les artistes montréalais. J’ai une soirée mensuelle dédiée à ça. Tu sais, Bruxelles c’est une ville bilingue (Français et Néerlandais) dans un pays polyglotte (Arabe, Lingala, Turc, Allemand) et c’est la capitale de l’Europe puisque le Parlement européen y siège. Alors, oui c’est un peu une ville de fonctionnaires mais, le nightlife ici est aussi chaud qu’à Berlin. Ils savent boire et aiment boire (rires).
Les grandes capitales européennes sont à maximum 2 h de train (Paris, Amsterdam, Londres). En tant que booker, je trouve ça parfait pour commencer des tournées et pour se déplacer partout en Europe facilement et de façon très cheap. Mon appart est hyper bien situé pour ça (30 min porte à porte vers l’aéroport) et je l’utilise comme endroit pour héberger des artistes de passage. J’ai commencé à travailler avec des bands de Brooklyn et de Paris pour faire ce type de lien. J’suis aussi journaliste freelance pour VICELAND France. En gros, je travaille à Paris, Montréal et j’habite à Bruxelles. Rêve de p’tite fille et all currency mami : MAKING MY MAMA PROUD!

2. Le fait d’être une femme apporte-t-il une différence dans ton projet de DJ ?
C’est clair, on me rappelle chaque jour et surtout qu’ici (en Europe) il n’y a pas beaucoup de femmes noires DJ. Alors, j’en profite pour être le spécimen rare comme un vinyle first press jamais ouvert. J’utilise ma féminité pour créer un « safe place » devant mon DJ booth. J’ai jamais peur de call out une action sur le micro puisque je vois tout. Je veux que les gens fassent le party, se frenchent, s’en aillent tôt pour aller make out.
Dernièrement, un vieux DJ grincheux has-been de Montréal m’a dit que les femmes se faisaient booker souvent à cause de leur apparence physique. On est dans une ère numérique et les réseaux sociaux sont souvent utilisés par le public et les gens de l’industrie pour découvrir et suivre des talents locaux et internationaux. Une chose qui change pas dans ma mentalité féministe : laissez les femmes porter les vêtements qu’elles veulent. Les mêmes femmes avec des branding et une beauté intimidante pour les DJs mâles vivent le gap salarial de 54 % entre les prix offerts aux femmes et aux hommes pour les DJs mais, pas chez nous à POP Montréal.

3. Lorsque POP Montréal t’a approchée pour faire la programmation musicale du MDP, quelle fut ta ligne directrice (s’il y a lieu) et pourquoi t’associer à ce projet ?
POP Montréal, c’est mon safe place, c’est mon pied à terre à Montréal. Dan a toujours eu mon back pour n’importe quelle idée folle que j’avais. C’est un grand homme pour la communauté culturelle de Montréal mais, aussi un humain hors pair. J’avais envie de faire découvrir des artistes locaux que j’adore, des gens dont j’écoute et je joue la musique régulièrement : Jerico, Kallitechnis, KNLO par exemple. Je crois aussi en la force et l’énergie de jouer un show extérieur. Je voulais faire un p’tit cadeau à ma ville pendant que je ne serai pas là. La musique se diffusera partout dans les rues, se transportera par le vent dans tout le Mile-End et guérira les âmes (perdues ou non). C’est romantique et fleur bleue, c’est très Aïsha ça !

On se voit au weekend d'ouverture, du 22 au 24 juin! Plus d'info ici.