
Tête-à-Tête - POP Symposium21 sept. 2020
Lumière sur : Shash'U
B-Boy afrofuturiste Shash'U partage avec POP Montréal ses gadgets preféré pour les beatmakers en herbe. Pour en savoir plus, soyez assuré d'assister à Cooking Beats de POP Symposium vendredi le 25 septembre à 14h en ligne sur popmontreal.com. Cette édition spéciale de Cooking Beats mettra en vedette le roi du beat montréalais Shash'U en conversation avec Widney Bonfils, cadre de la SOCAN A&R.
gadget pref #1: contrôleur dj « Le Mégazord »
Le DJ-808 de Roland, j'ai en fait joué un rôle dans sa sortie. J'ai été invité par les PDG de Serato et Roland Japon à présenter une diffusion mondiale du DJ-808 en Nouvelle-Zélande. Allons faire un petit tour dans mon bolide, une petite DoLorean. Tout a commencé quand mon ami Matt de Serato m'a proposé de le tester, avant d’être commercialisé. Il connaissait mon travail et savait comment je pouvais m'intégrer à cette première collaboration, alors j'ai signé la NDA (l’accord de confidentialité). Après un mois de test, ils ont aimé mes résultats, alors ils m'ont d'abord fait venir à L.A. pour filmer un teaser de moi faisant la démonstration des fonctions. Les patrons ont adoré, alors j'ai obtenu le contrat pour la Nouvelle-Zélande. Bien qu'il ait été publicisé comme un contrôleur dj avec des extras, c'est en fait un superbe outil en studio. Aujourd'hui, je peux me pointer à n'importe quelle session de studio avec le DJ-808 et un ordinateur portable et je peux diriger comme je peux suivre. Avec Serato, j'ai un « sampler » géant qui me permet de manipuler les sons de façon pratique, dans la plupart des cas plus rapidement qu'avec une souris et un clavier. Les effets de Serato sont conçus par la marque leader, Izotope. Je peux ajouter des effets de réverbérations luxuriantes ou des échos espacés sur tout ce qui passe par le DJ-808. Le bpm peut être composé pour correspondre à la session en cours et les idées peuvent être enregistrées dans Serato ou mon DAW dans un simple écosystème. Et c’est pas tout! Roland a aussi placé la barre un peu plus haut en créant Aira - un protocole qui permet la connexion audio et midi entre une large sélection d'instruments, via un seul câble USB. Je peux brancher jusqu'à deux instruments compatibles avec Aira directement sur le DJ-808. Quitte ou double.
gadget pref #2 : une groovebox « toutes les saveurs, piles non comprises »
Pour ce qui est des séquenceurs, les grilles fixes sont encore un obstacle pour de nombreux·euses musicien·nes et beatmakers qui comprennent les grooves avancés : on veux de la flexibilité. On veut faire des swings Flying Lotus/J Dilla sans dépendre d'un logiciel. Si je veux faire de la musique Krump, je vais avoir besoin d'une machine qui me permette d'ajouter des notes entre les notes, et plus encore. Ce qui m'amène à mon 2ème engin préféré, toujours par Roland : le MC-101. C'est une petite boite à rythmes à quatre canaux qui contient des milliers de sons géniaux, pour s'adapter à toutes sortes de genres et de styles. Il peut rouler à piles pour pouvoir jammer dans un parc ou travailler n’importe où. Les sons peuvent être importés en tant qu’instrument, batterie ou en boucle. Son séquenceur est flexible, avec plein d'espace. Les clips du pattern peuvent être programmés pour faire des boucles de la longueur que je veux, pour sauter à un clip spécifique de mon choix, pour que mes mains soient libres d’en faire plus sans devoir arrêter la musique. Le MC-101 fait partie de la famille Aira (ouais), donc je peux le brancher directement sur mon DJ-808, ce qui crée des possibilités infinies. Le Zencore, c’est le nouveau moteur sonore phare de Roland - je peux importer des patchs Zencore dans le MC-101 et ils sonneront exactement pareil partout. Je peux maintenant jouer mes chansons exactement comme les versions enregistrées, sans avoir à manipuler les maudits playbacks .wav. Pour la chance d’avoir toute cette flexibilité avec une seule machine autonome – le MC-101.
gadget pref #3 : un logiciel. « Alors que les nuances pixélisées de Thug Life cèdent lentement au mouton noir des DAWs, »
Je suis avec Image-Line depuis qu'ils ont sorti FL 3 (à l'époque, ça s'appelait FruityLoop). Maintenant on est à FL 20 (ils ont fêté leur 20ème anniversaire il n'y a pas longtemps). Je peux enregistrer plusieurs pistes, construire des chansons complètes, créer des paysages sonores pour le théâtre, le cinéma ou les jeux vidéo, et même créer des visuels pour le VJ'ing. Je fais tout ça dans FL Studio, le logiciel de production audio le plus honni sur le marché. Pourquoi ? parce qu'il est « trop facile » à utiliser. Qu’importe s'il a gagné plusieurs prix pour ses fonctionnalités et qu’il a complètement surpassé les principaux logiciels d'enregistrement dans la course aux « logiciels de beat making »! Aujourd'hui encore, des musicien·nes et des producteurs biaisés qui refusent d’accepter la réalité me font de l’attitude. Je ne suis pas ici pour me plaindre, mais à quand remonte la dernière fois où nous avons tous discuté des guerres des DAW ? (Ou devrais-je dire en français...des stations audionumériques?!) Et de leur stupidité ? Elles continuent à faire des ravages dans nos communautés.
« Ahh! moi j'utilise noms de n’importe quelle autre application parce que ça me donne plus de défis, je trouve que FL est trop simple » m’a dit un camarade de classe une fois. Ça ne fait aucun sens! Est-ce que je dois vraiment m’attarder à expliquer les avantages de sauver du temps? Certaines personnes aiment être fières de la difficulté d’utilisation d'un outil, comme si ça rendait leur travail plus précieux.
Quand il s'agit d'applications de production audio, ça sert absolument à rien de déclarer lequel est soi-disant le meilleur, en ridiculisant les autres du haut de nos préférences et opinions personnelles. Pour moi, ça révèle une forme d'insécurité et de doute de soi, qui peut se transformer en spec shaming : (intimidation/shaming de l’équipement des autres et de ses spécifications). Puis, il y a celles et ceux qui aiment « mettre le paquet » dans leur équipement, plutôt que dans leurs compétences. Ils ressentent souvent le besoin d'acheter le dernier cri pour combler un vide et se vanter de leurs spécifications. Comparons cela à la course automobile. À quoi servirait un engin turbo à un·e pilote qui sait même pas prendre les virages comme du monde? Ou encore un·e pilote qui frôle les bandes jusqu'à la ligne d'arrivée ? Les pros diront que tout est une question de processus, et je suis d'accord. Un·e producteur·rice ou un·e faiseur·euse de beat à l'esprit pro peut apprendre à mieux se connaitre (et ses goûts) en participant dans différents cercles et communautés - au lieu de créer des divisions et de n'approuver que ce qui est considéré cool. Ne laisse surtout pas la machine définir qui tu es ou la limite de tes compétences. Tu es le créateur·ice. Deviens le pilote qui peut prendre des virages dans sa voiture de base et gagner la course en se basant entièrement sur ses compétences. C'est ce que j'ai appris avec FL Studio, à aiguiser mes compétences en matière de musique et de production audio avec le strict nécessaire, et à n'ajouter des outils que lorsque c'est essentiel. Je trouve que ça renforce la confiance et le caractère. C'est pourquoi mes rythmes sont si différents, je peux rester concentré et être créatif – un excellent flux de travail. Avec FL Studio, je sens que je peux être moi-même.

SHASH'U
B-Boy afrofuturiste, alchimiste du remix, authentique phénomène funk... notre Shash'U montréalais est vraiment unique en son genre. Il a mis le feu à des scènes allant de la Boiler Room à des compétitions de street dance underground à l'échelle internationale. Grâce à ses talents de DJ et de producteur, Shash'U aime transformer tes tounes préférées en armes de combat. Son approche de la street dance et de la musique de club l'a associé à des artistes comme A-Trak, Chromeo, Dām-Funk, Kaytranada, What So Not, C2C, DJ Q-Bert, JustBlaze, LesTwins et Rihanna. Shash'U a récemment lancé Battle Anthems 2 – un EP de 7 titres flamboyants entièrement produit par lui, avec les danseurs de street dance Slick Moddy (Nicolas Stewart) & 7Starr (Vladimir Laurore).