
Photo: Erla Axelsdóttir par Jean-Philippe Sansfacon
Pour la plupart des groupes émergents, il est logique de commencer par se démarquer à l’échelle locale avant de tenter d’obtenir du succès à l’étranger. Plusieurs changements importants ont une incidence notable sur les façons de produire, de distribuer et de découvrir la musique et font en sorte qu’il est dorénavant possible d’obtenir du succès à l’autre bout du monde. Toutefois, l’organisation de tournées (encore un des meilleurs moyens pour un groupe d’obtenir plus de visibilité) demeure difficile et coûteuse. Et s’il est possible de recourir aux services de relationnistes qui connaissent bien les scènes locales pour ce faire, cette option peut aussi coûter très cher.
Et pourquoi voudriez-vous jouer ailleurs dans le monde avant même d’avoir pu améliorer vos compétences et jouer devant vos amis et votre famille ? S’il est essentiel de partir en tournée et de prendre part à des initiatives promotionnelles ciblées, cela doit être fait au moment parfait et de façon impeccable.
Le secteur dans lequel je travaille fait toutefois quelque peu figure d’exception. Je dirige Friendly Fire Licensing, une entreprise d’édition musicale et d’octroi de licences dont le mandat consiste à placer des titres musicaux dans des émissions de télévision, des films, des publicités et des jeux vidéo. Lorsqu’il est question d’édition musicale, je suis habituellement libre des contraintes liées à la géographie et aux cycles des albums ; la plupart des superviseurs musicaux cherchent simplement à dénicher la meilleure chanson pour leur projet, que celle-ci provienne du coin de la rue ou de l’autre bout du monde. Je peux leur vendre des chansons plus anciennes, des chansons de groupes inconnus et des chansons d’artistes qui n’ont jamais fait de tournée à l’étranger. En fait, c’est très bien vu d’être en mesure de présenter un catalogue diversifié comportant de la musique de partout dans le monde. J’ai réussi à placer des titres en tout genre, par exemple du rock psychédélique coréen des années 1960 ou du hip-hop de l’Uruguay ; des styles qui (il va sans dire) ne sont pas communs d’où je viens, en Californie.
Il faut garder à l’esprit que le placement d’un titre dans une émission de télévision populaire ou dans une publicité peut aider un groupe à percer et lui permettre d’investir son temps et son argent au bon endroit. J’ai vu des groupes obtenir du succès aux États-Unis grâce au placement d’un seul titre. Cela peut réellement faire toute la différence. C’est pourquoi j’incite fortement les groupes à réfléchir assez tôt à la stratégie qu’ils souhaitent adopter en matière d’octroi de licences et d’édition musicale.