
Tête-à-Tête: Beatrice Deer et Daybi
Faites la rencontre de Beatrice Deer et Daybi, deux artistes qui seront en spectacle au Marché des Possibles le 1er juillet. Nous les avons rencontrés lors de la Journée nationale des Autochtones pour discuter de musique, de ce qui les inspire et de communauté. Faites connaissance avec eux en trois questions, et ne manquez pas leurs prestations ainsi que celles de Timothy Armstrong, Odaya, Barbara Diabo’s Interactive Hoop Dance, etc. dans votre parc préféré du Mile-End!

Bon nombre des nouvelles chansons que vous jouerez sur scène ont un son plus rock fusion et mettent la guitare au premier plan. Qu’est-ce qui a motivé le changement de direction sonore du dernier album sur lequel vous avez travaillé?
Ce changement de cap est grandement attribuable à l’état actuel de l’industrie musicale. Il me semble qu’une grande partie de la musique que l’on entend ces dernières années est soit surproduite, soit qu’elle reprend des choses qui ont déjà été faites dans le hip-hop. Mon premier instrument était la guitare, mais au fil des ans, j’ai beaucoup fait appel à d’autres producteurs et j’ai trop misé sur cette formule. Je veux de nouveaux sons, de nouvelles formes d’énergie. Je dois donc faire appel à des collaborateurs qui sont sur la même longueur d’onde que moi, ou simplement m’asseoir et composer de nouveaux trucs.
En tant qu’artiste multimédia, est-ce que les thèmes que tu explores dans tes différentes pratiques ont des racines communes ou est-ce qu’ils sont indépendants les uns des autres? Quel sujet préfères-tu creuser?
Il est évident pour moi que mes œuvres multimédias et musicales sont liées. La plupart de mes paroles sont inspirées d’images qui me viennent en tête. J’apprécie la musique au plus haut point en raison de sa capacité à transcender le non-visuel, par exemple au moyen d’un simple accord ou d’un mot. C’est différent en ce qui concerne les éléments visuels. C’est en combinant les deux, comme le yin et le yang, que je suis le plus à l’aise. Ça peut donner quelque chose de parfait!

Qu’est-ce qui a fait que tu t’es senti plus chez toi dans une métropole plutôt que dans une réserve?
Je crois que c’est mon père qui est en partie responsable de ce choix. Notre famille vient d’une petite communauté du nord du Manitoba . À un jeune âge, mon père avait déjà l’intention de bouger pour poursuivre ses études. J’ai grandi à Winnipeg, mais il a éventuellement fait en sorte que notre famille a déménagé à l’autre bout du pays, à Vancouver. À partir de là, j’ai décidé de suivre son exemple et de réaliser mes propres rêves. Le fait de naître dans une ville et de déménager dans des métropoles de plus en plus grosses me semblait normal à mesure que mes ambitions prenaient de l’ampleur. Je te remercie pour ça, papa. Maintenant que je suis plus âgé, je suis fier de dire que j’ai tenu mon pari. Prendre ça cool, écrire des albums et faire de l’art c’est incroyable, et c’est que je veux faire... En plus de voir mon fils grandir et de jouer au golf!

Qu’est-ce qui vous a motivée à quitter Quaqtaq, dans le nord du Québec, pour venir vous installer à Montréal il y neuf ans?
Je souhaitais poursuivre mes études au niveau universitaire et avoir plus de possibilités de mettre ma musique en valeur. Je voulais aussi que mes deux enfants étudient ici.
Votre répertoire comporte des chansons pop, mais aussi des chants de gorge traditionnels inuits. Quels sujets abordez-vous dans vos chansons?
Je chante à propos de mes expériences personnelles, de l’amour et de ma culture.
En ce 21 juin, Journée nationale des Autochtones, comment entendez-vous célébrer votre culture? Et comment estimez-vous pouvoir faire une différence en tant que personne qui dénonce la crise de suicides dans les communautés inuites et autochtones du Québec?
En tant qu’Inuite, je célèbre notre persévérance. Nous avons vaincu de nombreux obstacles et notre culture continue de s’épanouir. Je célèbre la vie. Je souhaite communiquer une vision positive aujourd’hui, mais aussi tous les jours.
