Nap Eyes

Nap Eyes fait de la guitar pop tordue et agile, réfractée par la pluie grise de la Nouvelle-Écosse. Leurs chansons sont à la fois bancales et sophistiquées, avec un pieds fermement au sol et l’autre menaçant de s’envoler vers le firmament. Elles subsistent dans un monde déphasé où les odes à la NASA, à l’agrégation des protéines cérébrales et au champ magnétique terrestre coexistent avec des paroles sur l’insomnie, la culpabilité et l’excès d’alcool. Dans le monde de Nap Eyes, les détails quotidiens ponctuent (et perforent) les préoccupations cosmiques, alors que l’énigmatique auteur-compositeur, chanteur et guitariste rythmique Nigel Chapman se débat avec les anges, luttant (et échouant souvent) pour réconcilier les failles romantiques, à la fois réelles et imaginaires, qui définissent nos vies : entre le l’ordre et le chaos, le solipsisme et la solidarité, l’anxiété des (dés)ordres sociaux (petits et grands), et les diverses intersections et contradictions de la religion, de l’art et de la science. Les chansons de Nap Eyes touchent parce qu’elles parviennent à équilibrer délicatement le mystère et le quotidien, rendant une équivoque convaincante et honnête sans évasion, une ambivalence familière sans apathie. La musique qui en résulte, tant au niveau des paroles que de la musique, exprime l’urgence de la grâce juvénile. C’est le son de la jeunesse et de la vie en ville, contrepoids ténu et impermanent de l’insouciance et de l’anxiété – une blague ma foi très sérieuse. Laissez donc s’envoler l’esprit cosmique dans la nuit grise, cher auditeur·ice.