logo POP montréal
Entrevues

Tête-à-tête: Paradis Artificiel

Paradis Artificiel ont sorti tranquillement leur premier album éponyme en novembre 2019. Lentement mais sûrement, il atteint les oreilles des auditeurs qui chériront leur musique pendant des années – les miennes incluses. Composé des musiciens et DJ montréalais, Odile MyrtilOurielle Auvé et Victor Bongiovanni,, Paradis Artificiel est un projet né de l’amitié et du désir de faire de la musique sans réserve. Je les ai rencontrés lors d’une des dernières soirées de l’été, et nous nous sommes assis dans un coin fleuri pour discuter de la réalisation du disque, des paysages sonores et de l’art de le faire soi-même.

Ne manquez pas Paradis Artificiel EN DIRECT sur POPMONTREAL.COM depuis le toit du Rialto à 15h le samedi 26 septembre, co-présenté par MUTEK.

Comment vous êtes-vous rencontré·es tou·tes les trois ?

Odile : On avait des ami·es commun·es et on collaborait sur des projets individuels. Ourielle et Victor ont fait une chanson ensemble, j’ai fait une chanson avec Ouri… On était aussi tous·tes DJs, donc on essayait de sortir du tourbillon de la musique électronique grand public pour faire quelque chose de plus organique.

Votre album a une véritable ambiance, comment décrivez-vous cette ambiance ?

Victor : Ça représente vraiment la période dans laquelle on était quand on l’a écrit…
Ouri : Presque sans espoir…
Victor : Comme un instantané de nos psychés à ce moment-là.

Quand avez-vous écrit et enregistré l’album ?

Odile : Entre 2015 et 2016. Après son enregistrement, on l’a mis de côté un certain temps.
Victor : J’étais en Europe avec le long montage de notre jam, que j’écoutais à répétition.
Odile : Pendant longtemps, on savait pas trop quoi en faire… Il avait été fait sans but précis, donc c’était difficile de l’éditer et de savoir où le placer exactement. C’était un nouveau genre de processus pour nous, un processus qui nous a permis de grandir. On a appris qu’on avait pas à compromettre quoi que ce soit de notre musique ou notre identité visuelle. Quand il est sorti en novembre 2019, ça nous semblé être le bon moment, et prendre notre temps a fini par rapporter sur le long terme.

Donc ça s’est fait sur une longue période…

Victor : La musique a été faite en 2 heures –
Odile : Ensuite, c’est la postproduction qui a pris du temps… Mais c’est parce qu’on était pas pressé·es par les délais… Ce sentiment organique se reflète dans la musique.
Ouri : On voulait pas être associé·es à une quelconque institution pour ce projet, on voulait pas s’intégrer à l’industrie, on voulait être complètement libres.

Photo par Tess Roby

Comment vous sentez-vous en écoutant l’album maintenant ?

Odile : C’est vraiment facile pour moi de passer à autre chose après un projet… mais celui-là garde vraiment une place spéciale pour moi.
Ouri : Parce qu’on lui met jamais de pression, c’est toujours un plaisir de l’écouter.

Le disque est autoproduit – allez-vous continuer à travailler de cette façon ?

Victor : On a fait le choix d’utiliser les moyens à notre disposition, et de sortir la musique nous-mêmes.
Odile : C’est notre bébé, je n’ai pas envie de partager nos droits sur notre propre musique, parce que c’est si personnel et si viscéral. C’est bien d’avoir aussi nos projets personnels, et ceux-là sont plus orientés vers l’industrie, mais après on se réserve cet espace plus naturel. C’est bien de ne pas être possédé par l’esprit de l’industrie quand on crée, ce qui me semble rare de nos jours.
Victor : C’est une décision consciente de continuer à le faire.
Ouri : Oui. Je ne veux plus faire de compromis.

Quel genre de paysage voyez-vous quand vous écoutez votre musique ?

Odile : Ouri est un signe d’air, et Victor et moi sommes des signes d’eau ; j’ai l’impression que c’est très vaporeux…de l’eau sous différentes formes.

Paradis Artificiel – Paradis Artificiel (2019)

Le design de la pochette d’album est subjuguant, et le visuel se retrouve aussi dans le vidéoclip de « You’re Like the Sun » – d’où vous est venu cette idée?

Ouri : Les paysages déconstruits nous ont inspirés. Cette image représente la guérison d’une partie brisée, et le sourire le côté plus doux de la guérison…
Odile : L’image a été prise par Gab Bois. Quand on l’a choisi, elle est devenue comme le centre de l’univers de Paradis Artificiel. On sait toujours pas ce qu’est ce monde exactement; c’est plutôt un sentiment.

Qu’écoutiez-vous au moment de l’enregistrement et du mixage de votre album ?

Ouri : Beaucoup de choses…
Victor : J’étais obsédé par Daniel Lanois à l’époque…
Ouri : On l’a même attendu après un de ses concerts pour lui donner une clé USB !
Odile : On pensait qu’on allait y arriver, que Daniel Lanois aller l’écouter, mais il a surement fini par la jeter dans sa pile de clés USB…

Quelle est la prochaine étape pour Paradis Artificiel ?

Ouri : De la musique iconique et édifiante.
Odile : J’ai l’impression qu’on était assez déprimé·es avant… mais la musique sur laquelle on travaille aujourd’hui est plus heureuse, elle reflète comment on se sent maintenant. On sample beaucoup et on se pousse à se remettre en question pour la production du deuxième disque.
Victor : On n’a pas jammé du tout pendant deux ans, et quand on s’est finalement réuni·es cet été, c’était… Tous ensemble : Instantané.